Je suis obèse mais je me soigne
Dans la famille, on a toujours eu tendance à être rondouillard. Pas gros mais un peu enrobé.
C’est comme ça…
Mais j’ai depuis longtemps dépassé ce stade…
Pas parce que je me goinfre pour le plaisir de manger mais parce que j’ai pas mal mangé pour remplir un gros vide en moi. (Plusieurs même…)
La vie est dure pour tout le monde, on gère tous les mauvais coups à sa façon, moi, j’ai géré cela en mangeant. Refusant toujours obstinément les anxiolytiques, j’aurais peut-être du en prendre…
Mais je n’ai jamais voulu.
J’ai toujours eu un rapport assez étranges avec la bouffe, à l’adolescence, j’ai même du être hospitalisée plusieurs fois à cause de phase anorexique ou boulimique… Cela dépendait de l’humeur du moment.
Je pouvais passer de 60kg à 100 pour revenir à 60 et ce en l’espace de quelques mois.
Je me souviens même m’être alimente pendant des semaines uniquement de thon en boîte… Rien d’autre ne passait.
Allez savoir pourquoi…
Et puis, j’ai grandi, j’ai quitté le cocon familiale et surtout ma région qui m’étouffait. J’ai vécu une jolie histoire… Tout allait mieux! Et puis, on m’a trahi. J’ai du déménager… Loin pour oublier. Cela allait mieux. Puis, une de mes amies est décédée comme ça, du jour au lendemain. La veille, on faisait les folles, le lendemain plus rien. J’ai déménagé… encore… Loin toujours plus rien. Cela n’allait pas vraiment mieux mais cela allait. Puis, il est décédé à son tour et plus rien n’allait bien. Sentiment de culpabilité atroce alors que je n’y étais pour rien et ce vide, ce vide immense en moi. Ce trou béant, vertigineux… Cette incompréhension de mes proches. Cette envie de me vomir, de me faire mal, de disparaitre.
J’ai disparu d’ailleurs sous un torrent de graisse…
Je ne suis pas obèse, je suis une tortue cachée dans une putain de carapace en gras.
J’ai voulu en finir, plusieurs fois, pas avec cette vie mais avec moi-même. J’aime la vie.
Mais moi, je me déteste.
Je ne l’ai jamais fait, bien que mon psy a toujours vu mon problème avec la bouffe comme une autodestruction…
Un moyen lent et peu douloureux de me faire mourir à petit feu.
Est-ce que les gens pensent à cela lorsqu’ils me jugent?
Est-ce que les gens voient en moi, autre chose qu’une grosse?
Je suis bien plus que cela.
Je suis une femme de 31 ans qui a enfin trouvé sa place. Et qui se bat chaque jour contre ce gras qui l’entoure en luttant pour ne pas ressombrer dans les extrêmes.
Je suis une femme heureuse et sincèrement, pensez ce que vous voulez de moi, je sais qui je suis, je sais ce que je vaux, je sais ce que j’ai vécu, je sais ce à quoi, j’ai survécu et je sais que ce que je vis en ce moment est le conte de fées dont j’ai toujours rêvé.
Alors, oui, je suis obése mais je me soigne et surtout JE T’EMMERDE!